Test jeu vidéo
Publié le 07/01/2021 à 13h39 par Pikminouchon
Cyberpunk 2077
6 /10
PLATEFORME
ÉDITEUR DU JEU VIDÉO

RPG

On va commencer par les choses qui fâchent : ce "Cyberpunk 2077" a été testé sur une PS4 Fat. Si vous êtes au courant des actualités vidéoludiques de cette sacrée année 2020, vous n'êtes pas sans savoir que ce jeu techniquement très exigeant est à la ramasse sur une machine aussi ancienne, alors même qu'elle a pondu par le passé d'autres jeux également très gourmands en calculs. "Red Dead Redemption 2", "GTA5", ou "The Witcher 3" (du même CD Projekt RED) ont largement démontré la puissance de la PS4 pour faire tourner des mondes ouverts gigantesques et grouillants de vie. Si la tentaculaire ville de Night City impressionne par sa diversité (on y reviendra...), on peut tout de même se demander en quoi ce "CyberPunk 2077" explose les standards actuels au point de faire planter la PS4 plusieurs fois d'affilée au cours d'une même mission. Tout réside en un mot : l'optimisation !

On le sait, CD Projekt RED a plusieurs fois repoussé le "GOTY" pour en parfaire les mécaniques (et largement mis ses employés sous pression, mais c'est un autre problème). En fait, on se doute plutôt que le titre a été extrêmement compliqué à faire tourner sur les vieilles bécanes : cette sortie fin 2020 était une deadline impossible à tenir et il est clair que le jeu aurait dû être encore retardé sur PS4... ou ne pas sortir du tout !

Le plus dur ici va être de faire abstraction de la tonne de bugs et glitches qui émaillent le jeu pour se concentrer sur l'essentiel : son contenu. Car on se doute que le développeur va déployer toute une armada de mises à jour et autres patches pour corriger, par couches successives, toutes les aberrations techniques qui gangrènent Cyberpunk 2077. Et elles sont nombreuses.

Comme dans tout bon RPG, le jeu débute par la création de V, votre avatar. Genré, ou pas, bardé(e )de cicatrices ou non, les possibilités sont nombreuses. Et le jeu étant classé PEGI 18, on peut même s'ajouter un magnifique pénis (avec le petit moteur physique qui va bien !) et y ajouter un prépuce ou des poils pubiens pour mieux coller à la réalité (ou pas). Pour un jeu quasiment vu à la 1ère personne tout du long (à quelques exceptions près...), c'est déjà assez ridicule : le développeur aurait pu sauter cette phase finalement bien inutile et imposer un personnage tout près. De même, il va falloir choisir les origines de V, histoire de lui coller un background (gosse des rues, nomade ou corpo): là encore, mis à part quelques lignes de dialogues dispensables, ce choix contextuel ne changera pas drastiquement la destinée du héros. L'héritage encombrant du jeu de plateau éponyme, sans doute...

Comme son titre l'indique, "Cyberpunk 2077" fait référence à un futur fantasmé, customisé, violent où l'humanité est elle-même remise en question au profit d'une technologie sans borne et sans maître. Les corporations régulent et contrôlent tout, les riches sont dans les plus beaux quartiers, les pauvres dans les bas-fonds. En somme rien de nouveau sous le soleil (vert).
La jouabilité est au diapason : les gun-fights sont très classiques, les combats au poing aussi. L'infiltration est possible mais elle est tellement mal pensée qu'on y a recours le moins possible... La conduite, quant à elle, est fort peu inspirée : balourde, peu maniable, elle tire un trait sur le confort et le fun attendus dans ces phases de jeu. Certes, vous pourrez appeler votre chev...euh voiture d'un simple clic, histoire de traverser Night City bien plus rapidement et écraser quelques piétons au passage, sauf que... la ville est tristement déserte quand vous prenez le volant ! Et puis, de toute façon, la police a vite fait de lâcher le morceau quand bien même vous contreviendriez au code de la route. En somme, il est préférable de se balader en ville à pince pour mieux en appréhender sa tentaculaire expansion (6 grands quartiers sont à découvrir) et l'anarchique développement urbanistique. Il faut dire que Night City est sans aucun doute la plus grande réussite de ce jeu, un personnage à elle seule : vaste, variée et verticale, elle propose un mix étonnant entre Tokyo et Los Angeles, le tout à la sauce "Blade Runner". Dommage que sur PS4 les effets graphiques soient très largement atténués, les néons blafards, et la population locale en voie de disparition... Il reste toutefois la fantastique exubérance architecturale et la quantité hallucinante d'objets, de pancartes, de mobiliers urbains ou non créés et modélisés pour l'occasion : c'est franchement du jamais vu et le travail demandé à l'équipe de développement a de quoi faire tourner la tête au final !

L'autre grande réussite du soft, ce sont les personnages secondaires et en particulier Johnny Silverhand, le hacker "joué" par Keanu Reeves : il apparaîtra aux seuls yeux de V et interagira avec sa conscience très régulièrement, leurs destins étant liés. C'est ici un vrai travail d'acteur qui a été fait et ses interventions sont toujours bluffantes, voire amusantes. A tel point que les autres Pnj, comme Welles, semblent plus anecdotiques à côté de lui... sans compter les nombreux clichés féminins, toutes de pâles copies de Michelle Rodriguez... La beauf attitude dans toute sa vulgarité, hélas.

En ligne droite, le jeu n'est pas bien long et il faut compter une vingtaine d'heures pour y parvenir. Comme souvent, l'essentiel réside dans les quêtes secondaires, très nombreuses. Malheureusement, quand on affiche la carte, il est très difficile de s'y retrouver : rien n'est lisible, ça manque franchement de clarté tant la map est littéralement blindée d'une multitude de logos... Un habillage assez raté et souvent peu ergonomique.

A l'inverse, du côté des bonnes idées, il faut souligner l'existence des Danses Sensorielles (Braindance), consistant à "revisiter" un souvenir, en le manipulant, telle une bande vidéo : pas évident à prendre en main au départ, mais franchement grisant en terme de gameplay. Un petit côté polar assez rafraîchissant...

Malgré son intense habillage RPG avec une foultitude d'éléments à paramétrer en fonction du personnage que vous souhaitez incarner (choix de la classe, des attributs et affectation des points de compétences...), Cyberpunk 2077 se noie dans son propre univers. Les choix dans les dialogues, par exemple, ne feront jamais basculer l'histoire étant donné que seule la 1ère réponse possible valide la suite du récit. En somme, tout le reste n'est qu'enrobage et petits bonus, offrant au joueur d'approfondir un petit peu plus les relations entre les personnages. Hélas, le grand barnum de CD Projekt RED n'évoque que très rarement les questions philosophiques du transhumanisme, du clonage, du hacking ou de la customisation humaine (le charcudoc posera vos nouveaux implants cybernétiques à chaque "palier" du jeu...) : c'est sans doute la plus grande faille d'un titre qui se voulait pourtant "mature" ! Petit rappel à l'intention des développeurs : la vulgarité des dialogues ou des situations (les godemichets qui se ramassent à la pelle en dayone...), la violence exacerbée ou le sexe pour le sexe ne font et ne feront jamais un jeu "mature" si le propos ne suit pas ! Quel gâchis d'être passé complétement à côté d'un thème foisonnant, le Cyberpunk, alors que les films de SF ou la littérature (Gibson et Sterling en figures de proue...) ont su si bien illustrer cette vision dystopique et désabusée de notre futur. Empêtrés dans leurs problèmes technologiques et leur exigeant moteur 3D à faire tourner coûte que coûte sur toutes les plate-formes actuelles, CD Projekt RED a sans aucun doute oublié l'essentiel : l'âme. Dommage, l'écrin avait un sacré potentiel et Night City reste envoutante malgré tout.
+
LES POINTS FORTS
LES POINTS FAIBLES
-
+ UNE VILLE, UN UNIVERS

+ UN TRAVAIL DE CRÉATION ET DE MODÉLISATION TITANESQUE

+ PAS LONG À TERMINER SI ON VEUT EN VOIR LE BOUT

+ DES PATCHES ET AUTRES MISES À JOUR EN CASCADE À PRÉVOIR !

+ KEANU REEVES FAIT LE TAF : OUF !

+ QUELQUES RARES BONNES IDÉES TOUT DE MÊME (LES DS EN TÊTE)
- LAID COMME UN POUX SUR PS4 FAT

- COMPLÉTEMENT CASSÉ AU LANCEMENT SUR OLD-GEN

- VULGAIRE COMME RAREMENT...

- UN PROPOS QUI PASSE COMPLÉTEMENT À CÔTÉ ET QUI N'AMÈNE RIEN AU GENRE

- TOUCHE-À-TOUT, BON À RIEN.

- UNE DÉCEPTION BIEN AMÈRE !!
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