Quel curieux destin que celui de ce jeu ! Initialement prévu sur une PS3 en fin de carrière, sa sortie fût repoussée puis annulée pour cause d'accident nucléaire à Fukushima en 2011... Il faut dire que sortir un tel jeu, traitant de catastrophes naturelles, à un moment pareil eut été du plus mauvais goût... Au total, le jeu du studio Granzella (des ex d'Irem) accuse 7 ans de retard et échoue sur Switch après être passé par la case PS4 au japon il y a déjà quelques mois.
Inutile de dire que cette épopée chaotique se ressent sur la qualité du produit final !

Après avoir customisé brièvement l'avatar du jeu, vous pourrez incarner un homme ou une femme japonais, à votre convenance. Alors que vous êtes dans un bus, une énorme secousse provoque un accident et vous voilà, hébété, dans une ville dévastée, au milieu de nombreux autres rescapés. L'aventure commence donc et sera ponctuée de nombreuses répliques sismiques, modifiant souvent le décor ou créant des opportunités pour tracer votre route au milieu des décombres et sauver votre vie. Le tout se déroule en plein été, la chaleur aggravant le sort de vos concitoyens...

Tout au long de votre progression, le jeu vous mettra face à vos responsabilités : serez-vous un citoyen exemplaire, prompt à aider votre prochain, parfois au péril de votre vie, ou lorgnerez-vous du côté obscur en vous montrant égoïste ? Disaster Report 4 vous donnera l'occasion de choisir entre plusieurs possibilités ou réponses à apporter aux survivants que vous croiserez. Régulièrement, l'action sera donc figée et des points de bonus ou de malus vous seront octroyés en fonction de votre comportement. Si le scénario peut connaître de logiques bifurcations, cela n'affecte en rien l'épilogue du jeu et c'est bien dommage. De même, il est toujours possible de revenir sur ses pas et de répondre différemment aux questionnements d'une écolière paumée ou d'un voyou mal embouché...

Incidemment, des poteaux électriques viendront semer la zizanie ou un immeuble s'effondrera sur votre passage, bloquant un accès salvateur. Votre héros devra donc logiquement préserver sa jauge de santé ou ménager sa faim... même si tout rentrera dans l'ordre à la prochaine zone de sauvegarde !
Sur ce point, le gameplay de ce Disaster Report ne va jamais au bout de ses idées : le rythme est très lent, souvent contemplatif, et on ne peut pas vraiment parler de jeu d'action. Il faut bien prendre soin de parler, longuement, à tous les PNJ qui croiseront votre route. Ramenez-leur un objet fétiche, trouvez leur meilleur ami, bref, remplissez la mission qu'ils vous confient et progressez dans l'histoire. En fait, chaque zone, étriquée, apporte son lot de missions et de dialogues : à vous de les accomplir pour parvenir à vos fins. Ce manque d'action et de tension ne colle pas vraiment avec le sujet du jeu : on pourrait penser que les gens sont affolés dans un tel cas de figure, l'urgence de la situation est ici totalement gommée. On se croirait presque devant Shenmue ! Et ce ne sont pas les nombreux temps de chargement qui infléchiront cette impression de se traîner mollement et sans réel but dans des rues dévastées.

Certes, les développeurs ont tentés de varier les plaisirs avec des phases en scooter, en canoë (pas trop mal d'ailleurs mais un peu longuette...) ou d'infiltration (bien ratée!)... Il en faudrait quand même davantage pour nous faire oublier une réalisation proprement...désastreuse ! Disaster Report 4 n'a pas usurpé son titre... Sur Switch, la réalisation technique est catastrophique, le jeu tournant pourtant sur l'Unreal Engine, le moteur d'Epic qui a maintes fois fait ses preuves sur ce support. Ici, seule la modélisation des personnages est correcte (et encore!). Pour le reste, les décors sont modélisés à la serpe et les textures renvoient à l'époque de la PS2. L'affichage est calamiteux : les buildings poppent en fond, les textures s'affichent souvent avec un métro de retard... Et l'animation ! Le protagoniste a clairement un balai dans le fondement, la caméra s'affole plus que les quidams. Surtout, le jeu rame à mort quand un immeuble s'effondre (et ça arrive souvent...) tombant à 2 images par seconde. Finalement, heureusement qu'il y a si peu d'action dans ce titre car il aurait été quasi injouable !

S'il ne va pas au bout de ses idées ni de son gameplay, "Disaster Report 4" passe donc également à côté du contrôle technique ! Catastrophique à bien des égards, il a pour seul mérite d'être très original, à une époque où on pense avoir déjà joué à tout. C'est surtout une curiosité vidéo-ludique dont le japon a le secret, à l'ambiance finalement unique et très particulière, mais en aucun cas un jeu indispensable. Pour collectionneurs curieux seulement !