Kratos et son (divin) rejeton de fils, Atreus, sont enfin de retour pour un ultime épisode sur PS4. Après l'incroyable premier opus qui réinterprétait avec succès la mythologie nordique à la sauce "God of War", Santa Monica Studio remet le couvert pour nous conter la suite des aventures du barbare tout puissant. Inutile de dire qu'il serait dommage d'aborder ce nouvel opus sans avoir sacrifié quelques heures sur l'épisode fondateur : "God of War : Ragnarok" prend place quelques années après la révélation finale et se veut être une suite directe.

Etrangement, le prologue ressemble énormément au début de "God of War" premier du nom (la neige en plus!) avec une bataille épique qui semble perdue d'avance et qui n'est qu'un prétexte pour la suite.
Les fans ne seront pas déçus et l'histoire ira crescendo: on retrouve avec plaisir cette mise en scène vraiment épatante qui avait marqué les esprits (tout le 1er jeu se déroulait en temps réel, la caméra derrière Kratos dans un immense plan-séquence parfaitement maîtrisé !). Il est clair que Ragnarok est un simple prolongement de son prédécesseur mais les développeurs ont amélioré plein de petits détails.
Cosmétiques, tout d'abord : le jeu est magnifique et ses effets de lumière ne vous laisseront pas indifférents ! Le jeu n'est jamais avare en effets de lumière ou en panoramas somptueux et ça commencera en douceur avec un superbe effet de neige (mieux que "Red Dead Redemption 2" ?), jusqu'à la moiteur d'environnements plus luxuriants et atypiques. Franchement, avec 9 grandes zones à visiter (le précédent jeu n'en proposait que 6...), Kratos va voir du pays en attendant la venue du Ragnarok prophétisé ! Ne croyez surtout pas être en terrain conquis (les environnements repris du 1er jeu ont de toute façon été adaptés pour cette suite...), les développeurs vous réservent de grosses surprises et des rencontres assez inattendues. Sans compter l'intervention de nouveaux personnages, comme l'excellent (et très bourru!) Thor !

L'exploration chère à la série peut bien sûr se faire en ligne droite, de façon superficielle, mais vous auriez intérêt à bien fouiller chaque recoin pour trouver des coffres fourbement planqués ! Le combat et l'exploration sont les deux mamelles de la série phare du studio Santa Monica, ne l'oublions pas ! Parfois, il faudra résoudre de petits puzzles environnementaux (en usant, par exemple, de votre lancer de hache pour geler un geyser ou de vos lames pour atteindre un point plus élevé) : ce n'est jamais bien compliqué et les petits indices glanés ça et là pourront forcément vous aider. A moins que Mimir (la tête porte-clef bien bavarde!) ne balance la solution à votre problème : écoutez-le bien, il ne fait pas que divaguer et vous abreuver du lore du jeu...

Côté combat, on reste dans l'efficace, le système ayant largement fait ses preuves ! En fait, les habitués retrouveront très vite leurs habitudes : lancer un combo en changeant d'arme à la volée, (ab)user du bouclier, ordonner à Atreus de lancer quelques flèches assassines... C'est véloce, précis et franchement exaltant quand on maîtrise les subtilités. Sans compter les formidables et nouveaux mouvements signatures, propres à chaque arme équipée ! Bien entendu, les QTE interviennent régulièrement pour ajouter de la tension, notamment dans les passages les plus critiques, histoire de rendre les affrontements toujours plus épiques et cinématographiques... Mieux, on peut gérer en profondeur tout un aspect RPG en customisant son équipement ou en améliorant de nombreuses capacités. A se demander comment la frêle pirogue de nos héros ne coule pas sous le poids affolant d'un Kratos surchargé ! Ces balades apaisantes sont toujours bien présentes mais, ce coup-ci, les développeurs ont ajouté un traineau que l'on découvre très tôt dans l'aventure. C'est de circonstance, dirons-nous...

Sachez que le bestiaire du soft est encore plus riche qu'avant, suite aux critiques : les (mid) boss sont nombreux, le menu fretin a clairement gagné en variété et en pattern d'attaque : c'était un des reproches fait au jeu de 2018 et on est ravi de voir que les développeurs se sont penchés sur la question.

En fait, ce "God of War Ragnarok" pousse tous les curseurs du premier un peu plus loin : on retrouve de solides bases mais les développeurs ont procédé à de nombreux ajustements pour rendre l'expérience plus riche, plus immersive. On appréciera aussi les 5 niveaux de difficulté permettant à tout un chacun d'y trouver son compte, au delà du contenu du jeu lui-même, très bien équilibré : comptez 25 heures en rushant mais doublez largement votre temps de jeu si vous vous penchez sur les nombreuses quêtes annexes. Il serait d'ailleurs dommage de ne pas s'y plonger : elles sont particulièrement bien écrites et offrent encore plus de profondeur aux personnages et au lore nordique de cette aventure. En fait, on regrettera de légères baisses de rythmes, à de nombreux endroits : sans doute pour apporter une touche de contemplation (les décors aident bien!) ou une certaine respiration au joueur (entre deux affrontements épiques!)... Dans tous les cas, ce "God of War", comme son précédent opus, sait parfois se montrer poétique voire lyrique. La relation père-fils, déjà bien développée auparavant, a gagné en substance et en maturité grâce à Atreus, conscient désormais de son statut de demi-dieu et des responsabilités qui vont avec... C'est sans aucun doute le dernier gros AAA de la PS4 qui laisse enfin sa place à sa petite sœur, deux ans après un lancement aux ruptures de stock incessantes : un chant du cygne quasi-parfait pour une aventure inoubliable !