Test jeu vidéo
Publié le 06/03/2025 à 13:08 par Pikminouchon

Kingdom Come : Deliverance 2

Affiche
8 /10
PLATEFORME
ÉDITEURDeep Silver
ACTION RPG
Il était une fois... La suite ! "Kingdom Come Deliverance" avait créé la surprise en 2018 : un jeu de rôle pointilleux et super complet, sorti de nulle part ou presque, présentant beaucoup de qualités malgré quelques petites errances techniques. Chauffé à blanc par le soutien de ses nombreux fans, le studio Warhorse se décide à nous pondre une suite, près de 7 ans plus tard, toujours sous CryEngine...

A nouveau, on retrouve ce bon vieux Henry-le-roturier là où on l'avait laissé en l'an de grâce 1403, dans un royaume de Bohème tumultueux, écartelé entre l'influence du puissant Wenceslas et celle de Sigismund. La recette n'a donc pas changé d'un iota, Warhorse signant un Rpg à l'ancienne, toujours vu à la première personne (façon FPS donc...), et largement clivant : avec son approche méticuleuse et jusqu'au-boutiste, il est difficile de ne pas penser que les développeurs ont fait cette suite pour contenter leurs fans, et eux seuls. En effet, si "KCD2" fait de son mieux pour simplifier certains élèments de son gameplay, on garde cette approche austère et complexe : les menus, nombreux et fouillis, les codex, les explications simplifiées à l'outrance voire inexistantes... Ne soyez pas surpris : "KCD2" est un jeu très austère.
Par exemple, difficile d'apprécier les combats tant le gameplay est maladroit, sous prétexte de "simulation" ou de réalisme : c'était le point noir du 1er opus, ça le reste là encore avec cette mauvaise idée d'affecter la direction des coups au stick... En fait, il faudra de longues heures de pratique pour dompter le système de combat, maîtriser les nombreuses armes (épées, halebardes, haches, lances, etc...) et le système de garde ou d'esquive. Sachant que l'on n'incarne pas un chevalier mais un fils de forgeron, on pourrait comprendre cet apprentissage dans la douleur. Le problème, c'est qu'au final, ce n'est jamais fun, juste plus facile qu'au lancement de la partie... et c'est bien dommage ! Heureusement, les premières armes à feu finissent par arriver mais, là encore, ne vous attendez pas à une révolution : le maniement se fait dans la lenteur et la douleur (ah... le rechargement !), si bien qu'on y renoncera, sauf à de très rares exceptions.
Bref, vous l'aurez compris, les combats sont le gros point faible de ce Rpg médiéval, bien rugueux et peu chaleureux pour le joueur de 2025, habitué à être pris par la main, en permanence.

Mais si vous avez déjà jeté un œil à la note finale, vous savez que ce n'est pas forcément cet aspect que l'on retiendra de cette colossale aventure : "KCD2" est un jeu extraordinaire dans son écriture et le portrait de ses personnages. Que ce soit Henry ou cette tête à claques de Hans (votre compagnon d'infortune...), vous naviguerez dans un océan de rencontres où les PNJ, entre autres détails étonnants, n'hésiteront pas à vous faire des remarques désobligeantes sur votre hygiène corporelle, et où l'aubergiste vous rencardera sur la pléthore de quêtes annexes. Ces dernières, toujours optionnelles, vous feront lâcher la trame principale bien souvent. Loin d'être anecdotiques, elles apportent toujours quelquechose, en tout cas de nouvelles compétences ou équipement, au minimum. Certaines vous feront découvrir la vie au Moyen-âge et aiguiseront votre curiosité, d'autres ouvriront des pans entiers de l'histoire, vous entraînant sur des chemins dangereux ou tragiques. Sur ce point, l'écriture de "KCD2" est un miracle : balançant entre le risible (avec des blagues parfois lourdingues...) et le très très sombre, les développeurs ont créé un environnement scénaristique foisonnant, forçant le respect. C'est bien simple, on pense immédiatement à "The Witcher 3", la magie, les elfes noirs ou les couvains en moins... Une sacrée référence ! Et tout ce petit monde suit son propre emploi du temps, sa propre existence, dans une Bohème parfaitement documentée et retranscrite.
C'était déjà une référence dans le jeu original et c'est désormais une confirmation : "KCD2" a bénéficié d'un soin maniaque, où le soucis historique est constant. En fait, on le retrouve jusque dans les menus, assimilés à de superbes enluminures, comme à l'époque... La grande classe ! Les graphistes s'en sont donc donnés à cœur joie et les villes traversées sont magnifiques, semblent authentiques : il suffit d'admirer Kuttenberg pour s'en convaincre.
Avec une map deux fois plus grande que dans le premier jeu, "KCD2" offre également des paysages époustouflants et des panoramas bluffant de réalisme, grâce à des cycles jour-nuit et un système météo très aboutis. Et cet aspect visuel s'accompagne d'une partie sonore au diapason : les bruitages sont juste parfaits, le choc des épées sur les armures, la rumeurs des villes, le galop du cheval dans la gadoue... On s'y croirait ! Quant au doublage français, il est largement imparfait mais devrait faire l'objet d'une prochaine amélioration, promise par l'éditeur. En attendant, jouez donc avec l'excellente VO anglaise : bien dans le ton avec des acteurs british très convaincants, vous ne le regretterez pas une seconde.

Et des secondes, il va s'en écouler un paquet tant "Kingdom Come Deliverance 2" se montre chronophage si on mord à l'hameçon : on l'a déjà dit mais la quantité et la qualité des quêtes annexes (pas de Fed Ex ici !!) vous écarteront très souvent de la trame principale, pour votre plus grand plaisir. Après plus de 70 heures de jeu, votre serviteur n'en voit toujours pas la fin et j'avoue adorer me perdre dans cette univers et sa reconstitution historique... En outre, rien ne vous empêchera de passer des heures à jouer au dès dans une auberge perdue ou de vous adonner à l'alchimie jusqu'à plus soif. La liberté vidéo-ludique, comme on l'a rarement expérimentée !

Néanmoins, AA oblige, Warhorse studio a laissé traîner de nombreux bugs et autres glitches : on espére un toilettage régulier et, sur ce point, on n'est pas trop inquiet. Nul doute que des patches amélioreront grandement l'expérience globale au fil des mois, probablement quand les très nombreux DLC seront implémentés. Il faut dire que le studio Polonais a de grandes ambitions pour étoffer son canevas et on lui souhaite de parvenir à tout intégrer dans ce jeu déjà particulièrement copieux.

"Kingdom Come Deliverance 2" tient donc ses promesses et comblera les rôlistes les plus intraitables, ceux qui ne laissent pas passer la mondre approximation et qui n'ont pas peur de mettre la main dans le cambouis. Comme son aîné, ce jeu est particulièrement exigeant et ne conviendra pas à tous les joueurs, bien au contraire. Il faut accepter de s'y perdre, au sens propre comme au sens figuré, d'y passer de longues heures à apprendre et à dompter un gameplay qui ne fait pas de cadeau (oui, on peut mourir de malnutrition ou de diarrhée !). A la clef de cette persévérance, une aventure incroyable, tant par sa richesse, que par sa longueur... Décidément, l'Europe de l'Est est un incroyable vivier de talents, capables de repenser le Rpg traditionnel et d'étonner le joueur, souvent blasé... Un grand bravo à Warhorse pour ce nouveau maître étalon du genre.
LES POINTS FORTS

+ Les fans d'Histoire vont jubiler

+ Une map encore plus vaste

+ Les quêtes et l'écriture : au top

+ Quelques panoramas sublimes

+ Une durée de vie qui donne le tournis

+ La roadmap impressionnante en attente...

LES POINTS FAIBLES

- Les combats, ratés

- Toujours aussi intransigeant et exigeant !

- Pas mal de bugs résiduels

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