Après 25 ans d'absence (depuis l'ère PS1 en fait...), "Soul Hackers" revient d'entre les morts pour combler le vide du planning d'Atlus entre 2 épisodes de "Persona"... Plutôt qu'une véritable suite, le développeur nippon nous sert plutôt ici un simili-reboot, supposé attirer de nouveaux joueurs à la cause du J-Rpg : on retrouve ici des mécanismes et un bestiaire très connu des fans, le tout emballé dans un univers vaguement original.

Comme souvent dans ce type de jeu, l'enjeu est carrément dantesque (à défaut d'être inédit...) : il s'âgit ni plus ni moins que de sauver le monde et l'humanité ! Vous incarnez Ringo, un hacker survivant épaulé par une entité IA du nom de Figue (et oui !) : alors qu'ils vont lutter pour aider l'espèce humaine, ils vont également s'interroger sur le bienfondé de leur mission mais aussi sur ce que cela signifie que d' "être" humain. En somme, une gentille virée philosophique et paranoïaque comme seul Atlus en a le secret !

On peut déjà remarquer que cette suite, version 2022, se détache complètement de l'original dans le ton apporté : exit l'ambiance délétère et maussade, bonjour les graphismes chatoyants aux couleurs flashy. Quitte à draguer un nouveau public, autant flatter ses rétines au passage... "Soul Hackers 2" n'y va pas par quatre chemins et offre un casting de personnages et de lieux à visiter assez flamboyants et décalés, en dépit d'un scénario "fin du monde" très générique.
Dans le même ordre d'idée, le joueur habitué aux J-Rpg remarquera bien vite le classicisme du gameplay : basiquement, Atlus nous propose un Dungeon-Rpg très conventionnel avec d'innombrables allers et retours pour vendre le loot, s'équiper et repartir explorer de plus belle. Cette boucle de gameplay est déjà bien lancinante, hélas, les développeurs ont rajouté à cette recette fade une couche de décors répétitifs. Vous aimez les couloirs cybernétiques et les gares désaffectées ? Vous allez être servis ! On a toujours l'impression d'explorer les mêmes lieux, les mêmes étages, ad nauseam. Heureusement, le récit se centre rapidement sur les divers personnages et leurs liens sociaux : Milady sort particulièrement du lot grâce à une écriture la mettant au cœur de nombreuses intrigues. Quant à Saizo le détective, vous adorerez bien vite le détester ! Comme souvent dans les jeux d'Atlus, à la fin de l'aventure (comptez une grosse soixantaine d'heures...), le joueur aura finalement développé un lien très fort avec les différents protagonistes. Même le méchant, le Masque de Fer, saura vous divertir dans sa quête pour réunir les 5 unités spectrales nommées "covenants".

Si vous souhaitez approfondir au maximum le background de chaque personnage, il est d'ailleurs fortement conseillé de se pencher sur le "Soul Matrix" de chaque protagoniste : il s'agit d'un donjon optionnel, renfermant d'une part des items exclusifs fort utiles mais surtout des petites saynètes éclairant un peu plus le contexte général... et mettant d'autant plus en valeur certains éléments clefs de l'histoire ! Chaque Matrix s'étoffera d'un étage lors de votre progression dans l'aventure, aux moments clefs : un petit goût de revenez-y fort plaisant et encourageant. Le but est d'augmenter le niveau de Soul et les performances de chaque perso : tout est bon pour y parvenir (les dialogues offrent de nombreux embranchements...) et on peut même sympathiser autour d'un verre et améliorer ses performances au combat.
Votre équipe s'agrandit bien entendu rapidement : elle est constituée d'invocateurs et ce sont eux qui entrent en contact avec les démons au sein des donjons pour copier leur habiletés. Si vous connaissez bien Persona ou Shin Megami Tensei, vous reconnaitrez de nombreux visages familiers parmi eux et vous saurez également qu'ils sont très lunatiques, voire capricieux ! Les convaincre de se rallier à votre cause n'est pas toujours simple mais la satisfaction est grande quand vous parvenez à les ajouter à votre équipe !

Malheureusement, l'exploration nécessaire à la complétion de votre compendium démoniaque manque cruellement de piquant : les donjons sont dans l'ensemble très répétitifs, similaires dans leur apparence et leur structure, ils ne proposent aucune énigme pertinente pour casser le rythme...

De même, les combats sont hyper classiques dans leur genre : là encore, si vous connaissez Persona ou Shin Megami Tensei, rien de nouveau ! Les magies sont les mêmes, le système de sensibilité des ennemis aux éléments également. Comme toujours, Atlus introduit de nouveaux éléments dans le système : cette fois, il s'agit d'un enchaînement (sabbath) impliquant tous les démons qui ont réussi à exploiter la faiblesse élémentaire d'un ennemi. De même, le sabbath pourra offrir de petits bonus de buff ou de soin non négligeables, rendant la super-attaque toujours plus pertinente à construire.

Techniquement, le jeu tourne sur Unity et s'avère particulièrement coloré pour le genre mais on est très loin des standards graphiques actuels. Artistiquement, il est clair que les développeurs se sont lâchés pour contre balancer cette partie technique faiblarde mais il faut bien avouer que le rendu final est mitigé : on sent que le budget alloué à cette production était très limité avec des graphismes faisant clairement penser à un jeu PS2 boosté aux hormones.
Notons également la très appréciable traduction française, même si elle se révèle assez vite imparfaite (approximations, fautes de syntaxe...) : dommage !

En fait, tout laisse à penser que ce titre est juste un galop d'essai pour tester l'intérêt des joueurs et en faire, en cas de succès commercial, un nouvel arc récurrent du Rpg maison, à l'image de Persona ou Shin Megami.
Dans tous les cas, ce "Soul Hackers 2" est aujourd'hui bien trop classique pour captiver son audience et manque surtout cruellement d'originalité pour séduire, ses "cousins" étant tous bien plus peaufinés et captivants : il lui reste toutefois une qualité d'écriture certaine, de bons personnages et un lore familier qui saura combler une dent creuse chez les fans de Rpg d'Atlus.