Voilà un petit jeu au titre bien trompeur : sachez qu'il n'y a aucune girafe dans ce jeu et que l'héroïne, c'est bien Annika... Cette jeune fille féline amnésique se retrouve perdue sur une petite île paradisiaque. Heureusement pour elle, le bienveillant Giraffe, lui aussi affublé d'oreilles de chat, va la prendre sous sa protection et la guider vers 3 fragments d'étoiles, sans doute la clef pour qu'elle retrouve ses chers souvenirs perdus.

Premier jeu du jeune studio "Atelier Minima", Giraffe and Annika mange à tous les râteliers vidéo-ludiques si bien qu'il sera difficile de lui coller une étiquette ! Il s'agit principalement d'un jeu où il faudra explorer l'île et ses environs, mais également remplir des petites quêtes assez nazes auprès de PNJ randoms : ramasser du bois pour faire un pont, trouver des clefs ou des tableaux, jouer à cache-cache avec des petits lapins... C'est globalement assez niais et ennuyeux, il faut bien le reconnaître. A part pour les joueurs de moins d'un mètre de haut, le gamer lambda sera peu captivé par ces objectifs insipides et redondants.
Certes, l'île regorge de petits secrets et de raccourcis, mais on en fera vite le tour. Quant aux donjons... Ils ne sont pas nombreux et très vite parcourus : les ennemis qu'ils renferment ne sont que de petits fantômes dont il faudra esquiver les attaques, cette pauvre Annika ayant très peu de cordes à son arc. Pire, au début de l'aventure , elle ne peut même pas sauter ! Le saut est, en effet, la récompense à débloquer lors de la complétion du premier donjon qui est, au passage, d'une platitude absolue ! Les deux autres donjons permettront à Annika de nager puis de foncer sur des obstacles. Un peu plus riches et variés, avec des pièges à éviter et des petits chariots à emprunter apportant un peu de diversité au gameplay, ils s'en sortent mieux qu'au début et redressent un poil (de chat) la barre. Ils se terminent tous par un boss épaulé par la mystérieuse Lily : l'affrontement se fait comme une "battle" musicale où le joueur devra taper les touches en rythme. Si l'idée est bonne, son exécution est, là encore, pauvre et simpliste : le timing est souvent mauvais, la musique peu entraînante et on ne retient finalement rien de ces phases pourtant annoncées comme des éléments clefs de ce jeu. On est bien loin des meilleurs jeux musicaux !

Côté plate-formes et exploration, la jouabilité va refroidir là encore le plus vaillant des joueurs : les sauts lunaires d'Annika finissent par irriter par leur imprécision, sa nage coulée est approximative et limitée, la course peu utile au final.
Heureusement, l'univers du jeu est charmant et souvent joli, sans pour autant casser des briques. L'île est bien détaillée et très bucolique, avec une place importante laissée à la nature, aux fleurs, à l'eau... Hélas, on notera quelques fautes de goût ici et là mais surtout, des cut scenes dessinées qui sont d'une rare laideur : l'histoire racontée n'est déjà pas folichonne et, illustrée de la sorte, elle fait encore moins envie.

Techniquement sur Switch, on est plutôt dans le haut du panier avec un moteur 3D qui tourne bien et une bonne distance d'affichage, surtout sur les hauteurs de l'île. Malheureusement, quand Annika évolue sous l'eau, le jeu n'affiche pas la surface et il en résulte un bug d'affichage assez disgracieux, d'autant qu'on ne peut pas accoster n'importe où... Notons enfin que de nombreux temps de chargement viennent interrompre régulièrement la partie, souvent pour pas grand chose : on entre ou on sort d'une maison ou, pire, on monte ou on descend d'une échelle ! Pénible...
L'ambiance sonore, quant à elle, est assez réussie avec des mélodies douces et poétiques, censées évoquer la quiétude de cette petite île agréable à explorer. Le cycle jour-nuit instille également une atmosphère apaisante et sert principalement à activer la présence de certains PNJ ou de certaines quêtes : Annika peut heureusement faire des petites siestes afin d'accélérer la cadence.

"Giraffe and Annika" souffle donc le chaud et le froid : à la fois jeu d'exploration, jeu de plate-forme et jeu musical, il se cherche désespérément un style sans jamais parfaire aucune de ses facettes. C'est bien dommage car son univers est frais et charmant et qu'on a envie, malgré tout, de découvrir tous les secrets de ce petit monde... Néanmoins, c'est un titre court (comptez moins de 8h pour en faire le tour...), à réserver en priorité aux enfants, en dépit de l'absence de sous-titres en français. En bref, et à bien des égards, "Giraffe and Annika" reste sympathique mais passe à côté de ses objectifs et de sa cible : dommage !